Les églises d’Aouste
Tout d’abord un aperçu du christianisme dans la Drôme, de son apparition jusqu’à la Révolution.
Première évangélisation
Sous les invasions
Le Moyen-Age
Réforme et Contre-Réforme
La Révolution et le XXe siècle
Et Aouste …
Les divers actes
Chapelle Saint Alban
Le christianisme est d’ancienne implantation dans notre région.
C’est au IIIe siècle que le christianisme s’introduisit dans cette partie de la Gaule, d’abord le long du Rhône puis vers les vallées. Ses premiers temps furent obscurs, incertains;
La plus ancienne création d’évêché, dans ces territoires, est sur le territoire voconce, dans le tiers sud-est du département : d’abord Vaison, dont un évêque est présent au Concile d’Arles (314), puis Die qui envoie un évêque au Concile de Nicée (325).
La légende qui attribue l’évangélisation de Valence à des disciples de Saint Irénée, à la fin du IIe siècle, est généralement considérée par les historiens comme plausible. Saints Félix, Fortunat et Achillée, fondateurs de l’église de Valence furent mis à mort par ordre de Cornelius, l’un des généraux de l’empereur Marcus Aurelius Antoninus , surnommé Caracalla.
Les sièges épiscopaux apparaissent entre la fin du IIIe siècle et le début du Ve . St Nicaise, évêque de Die, – seul évêque gaulois – signe au concile de Nicée en 325 ; Verus siège à Vienne en 314 ; Saint
Emilien accueille le premier concile de Valence en 374.
Et, s’il faut attendre 517 pour trouver un document sûr attestant un évêque à Saint-Paul, la tradition liturgique a gardé la mémoire de ses prédécesseurs.
Les évêques de la vallée du Rhône connaissent l’épreuve de nombreux passages d’envahisseurs. A la fin du Ve et au début VIe siècle, brillent les figures d’Apollinaire à Valence et de son frère Avit à Vienne : défenseurs de la cité, ultimes témoins d’une romanité un peu précieuse, ardents témoins de la foi catholique face à l’arianisme dominant, missionnaires auprès des Barbares, ils sont les artisans du concile d’Epaone (Albon ?) qui, en 517, réorganisa l’Église en Burgondie.
Le Moyen-âge vit fleurir les monastères, dont un demeure encore vivant aujourd’hui : Aiguebelle, fondé en 1137. La ville de Valence garde mémoire de celui de Saint-Ruf, chef d’Ordre international de plus de 800 chapitres canoniaux de la Norvège et l’Islande à la Grèce et au Portugal. Un Drômois, Hugues de Romans, évêque de Die, puis de Lyon, fut comme légat du Pape le redoutable promoteur de la réforme grégorienne en Gaule. En 1080, il propose comme évêque de Grenoble un chanoine de Valence : Saint Hugues de Châteauneuf-sur-lsère qui, avec son ancien maître Saint Bruno, fonde, en 1083, la Grande Chartreuse.
En 1095, se rendant au conseil de Clermont, le Pape Urbain II consacre la cathédrale de Valence dont l’évêque Gontard – autre agent de la réforme grégorienne – vient d’entreprendre la construction.
Le XIIe. s. vit se manifester, dans un monde en profonde mutation, les bienfaits de la réforme monastique de Citeaux : autour de Jean, abbé de Bonneveaux au diocèse de Vienne, apparaissent Amédée d’Hauterives, cousin de l’empereur, qui se fait frère convers et participe à la fondation de l’abbaye de Léoncel, et Hugues de Châteauneuf qui devient le deuxième abbé du nouveau monastère, ainsi que leurs familles, pépinières de saints. Saint Jean sera évêque de Valence de 1141 à 1145, tandis que Saint Hugues deviendra à son tour abbé de Bonnevaux, « la mère des saints ». En 1275, le Pape Grégoire X, ancien clerc de Valence, unit les diocèses de Valence et de Die pour les protéger des prétentions des comtes du Valentinois. L’union durera jusqu’en 1687. La fin du Moyen-Âge reste marquée par la figure de Béatrix d’Ornacieux, religieuse cartusienne, témoin de la mystique de son temps.
En 1452, le Dauphin Louis II (futur roi Louis XI) fonde à Valence une Université qui compte une faculté de théologie.
La Réformation sera l’occasion de terribles combats. Elle est introduite dans un premier temps par le clergé (Michel d’Arande, évêque de Saint-Paul en 1526, et Pierre Gay, prêtre de Die à la même époque).
Les premiers pasteurs valentinois apparaissent autour de 1555.
Dans un climat de guerres et d’exécutions, 38 Églises réformées sont « dressées » dans ce qui constitue l’actuel département de la Drôme. Elles seront balayées par l’Edit de Fontainebleau qui, en 1685, révoque celui de Nantes.
Le XVIIe et le XVIIIe siècles sont ceux de la Réforme catholique. Des évêques réformateurs (les Suares à Vaison, les Gelas de Lébéron à Valence et Die) s’appuient sur un courant spirituel que, dans la suite du concile de Trente, servent de nouvelles congrégations (Visitation, Ursulines, Récollets, Capucins, Missionnaires du Saint-Sacrement, Dames Trinitaires). Ils animent des laïcs formés par les « missions », regroupés en confréries et associations, dirigent un clergé renouvelé par l’institution du séminaire (en 1639, quatre ans avant Saint-Sulpice) et la formation permanente (les « Conférences »). Un homme et une femme symbolisent cet effort : Christophe d’Authier de Sisgau (+ 1667) et Marie de Valence (+ 1648).
5. La Révolution et le XXe siècle
La Révolution frappe de plein fouet des églises florissantes.
Le choix ou le refus de l’adhésion à la Constitution civile du clergé blesse gravement l’unité des catholiques. Les églises paieront leur tribut au martyre (religieuses exécutées à Orange, prêtres déportés ou fusillés).
En 1799, le Pape Pie VI, prisonnier, meurt à Valence.
Le Concordat, créant le nouveau diocèse, le confie à un ancien constitutionnel : Fr. Bécherel qui, appuyé sur Jean-Joseph Mézard, ancien sacramentin, vicaire général et conscience du diocèse, va réorganiser l’Église.
Depuis le début de la christianisation de notre région, le village d’Aouste sur Sye a connu quatre églises ainsi que chapelles et prieuré sur son territoire.
– L’église paroissiale Saint Christophe, citée de 1142 jusqu’en 1736, située à l’ouest et hors les murs de la ville. Cette église menace ruine en 1664 lors de la visite épiscopale de Daniel de Cosnac (AM GG 11-3) nécessite une réparation du coté gauche de la nef et mise en place de tuiles du toit manquantes. Elle sera remplacée par une nouvelle église en 1704, l’église sous le vocable de Notre Dame de l’Assomption ; elle était implanté sur la place actuelle de la Poste.
– L’église et prieuré de Saint Pierre, cité aussi dans la même bulle papale de 1142, mentionné encore en 1664 lors d’une visite épiscopale mais ne sont plus mentionnés lors de la visite épiscopale du 17 avril 1736 de l’évêque de Die, Daniel-Joseph de Cosnac. Ces bâtiments ne figurent plus sur l’état des immeubles du clergé en 1789.
– L’ église Notre Dame de l’Assomption construite en 1704/1705 sera consacrée le 30/11/1735 par l’évêque de Die Daniel-Joseph de Cosnac. Elle sera construite sur l’emplacement de l’ancien temple détruit en 1682 sur ordre de Daniel de Cosnac . Cette église devenue vétuste et menaçant ruine sera démolie en 1862 suite à une délibération du conseil municipal du 29 mai 1862. (voir annexe I)
– L’actuelle église Notre Dame de l’Assomption sera édifiée durant une période s’étalant de 1862 à 1878. (voir le document « La construction de l’église actuelle d’Aouste »)
Les divers actes suivants mentionnés dans les archives en attestent leurs existences.
La plus ancienne mention des églises d’Aouste est celle de la bulle papale du 26 avril 1142, le pape Innocent II confirme à Guillaume, abbé d’Aurillac, la possession des églises Sts Pierre et St Christophe d’Aouste et leurs dépendances. « Innocent II confirme à Guillaume, abbé d’Aurillac, la possession des églises d’Aspres, Saillans, St-Marcellin d’Embrun, St Marcellin in valle de Veyriera, St Jean de Brulana (Autanne), St Jean de Castello Fano, Ste Marie de Bourières (Bourieras, St- …..de Lesches, (Laicas, Sts Pierre et Christophe d’Aouste (Augusta) et leurs dépendances. » (Regeste dauphinois – Tome f 2 – 3675)
Le 11 octobre 1300, à Aouste, l’archevêque de Vienne octroie à Aimar de Poitiers, comte de Valentinois, et à son fils Aimar, chevalier, l’absolution de l’excommunication portée contre eux à raison des dommages qu’ils avaient causés à son église.(Regeste Dauphinois Tome 3)
Le 29 avril 1328, une nouvelle charte de privilèges accordée aux habitants de Saillans par Guillaume de Roussillon, évêque et comte de Valence et Die est signée dans le verger du prieuré de St Pierre d’ Augusta, le vendredi après St Georges … (Archives départementales de la Drôme E 14953 ; Regeste Dauphinois Tome 4)
En Avignon, le 10 janvier 1339, le pape Benoit XII confère à Arnaud Chaleasii, moine d’Aurillac, le prieuré d’Aouste (Augusta), ordre de St Benoit, diocèse de Die, dépendant du monastère d’Aurillac, diocèse de St Flour, et soumis au prieuré de Saillans, diocèse de Die (S. Fiori!), taxé à 80 livres viennoises, vacant par la résignation ( – Abandon en faveur de quelqu’un; démission d’un bénéfice dans les mains du collateur* ou du pape – ) de feu Ponce Chalafii, par permutation avec le prieuré de Saint Nazaire le désert, diocèse de Die (S. Fiori!), avec remise des fruits indûment perçus. (Regeste Dauphinois Tome 5 ; Vidal J. M Benoit XII, Lettres communes II, 135, N°6581)
*collateur :Celui qui avait le droit de conférer un bénéfice ecclésiastique
Le 10 mai 1346 , la fondation d’une chapellenie dans l’église St Pierre d’Aouste par Arnaud, bourgeois de Crest, est mentionnée sur un acte reçu par Hugues du Pré. De même, le 5 septembre 1348, un acte de fondation dans l’église Saint Pierre d’Aouste est écrit par Guillaume d’Auberives. ( Die, Bibli. De Fontgalland, chapelles du Diois ; Regeste Dauphinois Tome 6)
Le 15 avril 1349, à la demande de P. de St Martial, Pierre Lagenesta, bachelier en décrets, reçoit le prieuré d’Aouste, diocèse de Die, dépendant du monastère d’Aurillac (dont le collateur est le prieur de Saillans), réservé le 10 juillet 1347 du vivant du prieur Arnaud Callassii. (Graëff, Clément VI et la province de Vienne, n°1186 ; Regeste Dauphinois Tome 6)
Entre 1452 et 1459, procuration ad resignandum donnée à Perrin, de Besset, etc., par Louis de Pinet prieur de Saillans, dépendance d’Aurillac, auquel il a fait unir le prieuré Saint Pierre d’Aouste et définitivement rattaché en 1535. (Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790 d’André Lacroix – E 2188)
Le 13 septembre 1509, en l’église de St-Pierre d’Aouste, située près et hors de ce lieu. Ordre d’envelopper de pièces de soie et d’étiqueter séparément les reliques ; de mettre les vitres qui manquent à l’église, et de réparer les autres ; d’aplanir le sol du cimetière, d’en refaire les murs, et de mettre des trappes à chaque entrée pour empêcher les animaux d’y aller. Louis Taillefer, prieur du prieuré de St-Pierre-et-St-Christophe, de l’ordre de St-Benoit, et Gilles de Voresio, commandeur de St-Antoine de Brisans, se disent exempts des visite et procuration, et promettent d’en donner preuve. (Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme – Tome 16 – 1882)
Le 30 novembre 1550, une transaction est passée entre le sieur Gandelin, prieur de St Pierre d’Aouste et les consuls et habitants au sujet des dîmes qu’il lèvera sur le blé et les lioux en gerbes, en raison d’une part sur 20 ; en cas de réparations nécessaires à l’église de St Pierre , les habitants en paieront les deux tiers et le prieur le tiers restant;le service divin sera fait par le prieur ou son délégué, avec le curé, le cloîtrier et un clerc qu’il nourrira et entretiendra ; il fournira le luminaire et les habitants l’huile de la lampe ; les 4 setiers de blé, autant de seigle et d’orge qu’il donnera seront distribués en pain à la porte du prieuré, de la Toussaint à la Saint Jean. (Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790 d’André Lacroix – E 13547)
Deux extraits des archives paroissiales d’Aouste concernant la chapelle de Saint Alban :
• Le 21 août 1716, procès-verbal du don de l’habit d’ermite à Jean Donis, natif de Chemilly enAuvergne par Aymon, curé d’Aouste, sur son désir « de vivre en bon et vrai solitaire dans l’ermitage de Saint-Alban » et d’y rester avec son père.
• Le 13 juin 1733, sépultures de Mourgues, ermite de Saint-Alban, natif du Forez;
Il existait aussi une autre chapelle nommée Notre Dame de la Rousse signalée comme étant déjà en ruines, etnotifiée sur un procès verbal du 17 avril 1736 lors de la visite épiscopale de Daniel-Joseph de Cosnac évêque de Die. (AM GG 11-11), bien qu’en 1789 le terrier de Notre Dame de la Rousse produisait 33 livres.(AM GG 11-16 ).
